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quelle j’ai fait, (sans savoir comment les mots sortaient de ma bouche), une déclaration en style de caserne, — en appelant (hélas !) un chat un chat et certains actes par leurs noms comme nous le recommandait… — ou à peu près, — ce voyou de Boileau-Despréaux. Le pis est que la légèreté de mon costume me permettait d’illustrer ma prose. — Léonard a sauvé la situation. Il est accouru, éperdu, lors de ma péroraison assez accentuée, s’est jeté aux genoux de la demoiselle et l’a suppliée de ne pas le perdre en dénonçant au Directeur son imparfaite surveillance et mes abominables discours accompagnés de gestes. Il a même fini par la faire rire et la brave fille a déclaré qu’elle avait pitié d’un pauvre malade.

Mais Kmôhoûn m’a bien menacé de m’obliger à recommencer mes exploits auprès des belles en présence du Dr  Froin ou de quelque mauvais diable tout disposé à narrer mes incartades au « Patron ». Et je suis certain qu’il n’y manquera pas.

Une certaine nuit donc, vers une heure, écœuré à la fin des répugnants tableaux qu’il me fait passer sous les yeux en m’affirmant que j’assiste à mes propres équipées futures et qu’avant huit jours j’aurai exécuté tout le « programme » — je m’avoue vaincu :

— C’est bon ! En voilà assez, allons nous-en ! Mais, tu sais, si on nous rattrape, ce ne sera pas drôle !

— Allons ! répond fort tranquillement Kmôhoûn.