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« Raoula » profite de l’inattention de son mari pour se rapprocher de moi et me glisser très bas, très vite, mais très distinctement :

— Refusez ! Il y a du chantage, là-dessous. Il a menacé Mme Lacoste pour la forcer à accepter. Il veut son argent et vous connaît faible… Il sait quelque chose sur elle….. je vous dirai quoi !

Toute ma joie tombe, du coup. Me voici prisonnier pour longtemps encore si je ne puis m’affranchir de la maison de santé qu’en m’associant à une vilaine entreprise du Roffieux contre une femme que j’ai aimée.

Quand Elzéar se retourne enfin de notre côté après un suprême coup de peigne et nous aperçoit à distance respectueuse l’un de l’autre, il en revient à son idée de mariage et me dit d’un air triomphant, mi-anxieux :

— Eh bien ! Que dis-tu de mon projet ! N’est-il pas séduisant ? Tu l’adoptes, n’est-il pas vrai ?

C’est avec un réel chagrin que je me vois contraint de répondre :

— Mon cher Elzéar. je n’éprouve aucun désir de me marier, même avec une aussi ravissante infirmière !

Raoula me regarde et Roffieux surprend ce regard. Ce n’est pas une « tendre » œillade amoureuse ; non, c’est bien pis. Dans la prunelle pâle de la jeune femme comme-il-faut brille une lueur de gaillardise que je n’y avais jamais vue. On dirait un coup d’œil d’experte et lubrique matrone.