Page:Nau - Force ennemie.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« complice  » ? Quelques insignifiants coups de pied, une rencontre un peu brutale entre ma botte et son « gîte-à-la-noix », comme disait un boucher de ma connaissance ? D’ailleurs je n’aurais pas le temps de lui faire grand mal : Il posterait des gardiens derrière l’huis entr’ouvert. (Et en effet, je saisis quelques mots d’une conversation en argot de bagne tenue dans le couloir, — la porte étant simplement poussée contre.)

Elzéar sort en gesticulant, lui, l’homme posé, ennemi de toutes les démonstrations, de toutes les paillasseries.

Cinq minutes plus tard il revient, remorquant une grande et maigre femme, jeune, mais si peu jolie ! — trop blonde, d’un blond entre le beurre frais et la filasse, les yeux d’un bleu fade, nuance lait de Paris, la figure d’une poupée de modiste. Il est évident qu’elle se tient pour belle, distinguée et poétique mais son actuelle expression de pudeur effarouchée la rend parfaitement vilaine et déplaisante.

Raoula Roffieux, née Fromage, — oui, Raoula ! — (Certains parents ne mériteraient-ils pas la cangue, des supplices follement chinois, quand ils affublent des enfants déjà pourvus des plus fâcheux patronymes de prénoms aussi exaspérants qu’inédits !) — Raoula !!… Raoula Roffieux, donc, fille d’un marchand d’engrais assez gentiment millionnaire et d’une ancienne actrice à succès départementaux, a reçu une éducation toute spéciale. Née en province, elle a, jusqu’à dix-neuf ans, fréquenté