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que c’est toi qui l’as cherchée. On avait bu pas mal de Champagne à déjeuner et tu avais, de plus, insisté, toi si sobre d’ordinaire, du moins en public, pour m’abreuver de cocktails au Casino. C’est, sans doute, pour cela que tu m’as fait ici une réputation de pochard.

Il paraît mécontent de ma rudesse ; toutefois on dirait qu’il éprouve une sorte de soulagement. Que craignait-il donc de m’entendre dire ? — Ses yeux redeviennent surnaturellement limpides et pleins d’indulgent reproche :

— Je ne t’ai fait aucune réputation. Tu te seras chargé toi-même de ce soin…

(Dans une maison de santé ! Et au régime de l’eau rougie !)

— … Je t’ai dit cent fois que tu buvais trop et que cela te jouerait un vilain tour. Mais il ne s’agit pas de cela. Tu n’as gardé aucun souvenir de la semaine d’avant ?

Ah si ! je me reumeumore — comme dirait M. Frédéric de Villiéville — que quelques jours avant mon internement, mon cousin et sa femme se trouvant avec moi, — toujours au Casino, — une vieille dame aux allures de… mérétrice fatiguée mais opulente, — sans doute un peu grise, elle aussi, — en tout cas ignorante ou insoucieuse de la présence de l’épouse légitime, prit les deux mains de Roffieux et lui parla, d’une voix mouillée, de l’an 1892 et d’une certaine maison sise au numéro 455 de la rue de Moscou. Le cousin Elzéar fut