Page:Nau - Force ennemie.djvu/144

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’y yait pas des donnages-intérêts pour les maladroits qu’estropient les malades « des autres » !

François va se fâcher. Je devine ce qui a pu se passer et il est temps que j’intervienne si je veux prévenir une querelle à jamais regrettable entre ces deux éminents aides-aliénistes.

Surmontant mon horreur, je m’approche de mon corps, terrifié tout-à-coup à la pensée que je ne pourrai peut-être pas y rentrer. Mais le Tkoukrien a dû deviner ma présence : je suis bu, littéralement, par mon trop médiocre organisme que Kmôhoûn n’a pas contribué à embellir.

Je sens qu’il me dit :

— Ah ! ce n’est pas trop tôt ! Il m’était impossible de parler ! Je ne voyais plus rien d’écrit, — de peint — comme tu voudras, — dans ton maudit cerveau : tu avais tout emporté ! Je ne te laisserai plus t’éloigner que le jour où il m’aura été loisible d’étudier, d’apprendre et de retenir les notions et les vocables nécessaires à la vie terrestre, — de les peindre et de les écrire… pour mon propre compte. Je voulais crier des sottises à cet agité de Bid’homme et à cet abruti de François… et rien !… Rien que mes idées et mes mots de Tkoukra : j’avais de vagues souvenirs de sons, d’articulations de ta langue et de leur sens, mais quand je m’efforçais d’employer ce que je croyais avoir saisi, — rien ! — plus rien ! Je ne savais plus me servir de ton larynx que pour pousser des plaintes furieuses… J’étouffais !