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Léonard se hâte d’aller chercher Robidor qui ne l’avait pas attendu pour prendre beaucoup plus que ses deux verres mais qu’une seconde saoûlerie a visiblement guéri de la première. Ô homéopathie !

— J’y avais pas pensé, grommelle mon gardien, mais c’est bien ça qui le tenait, le sacré Robidor : ’l était sâh, mais pas assez !

Le gros cocher dont l’estomac est une vraie cale fait honneur au repas. Les trois attablés s’entendent, d’ailleurs, le mieux du monde, bien qu’ils parlent tous les trois à la fois. M. Frédéric narre des « méchancetés » de lièvres, « de sales bêtes qui n’ont aucun égard pour les meilleurs tireurs » pendant que Léonard raconte des traits de canaillerie de « mabouls » plus ostinés et plus fûtés que les autres. Robidor, lui, n’abandonne pas un instant le chapitre du crottin. Pour sa vieille expérience c’est une « pierre de touche ». Il en a vu d’ « extraordinaire » (!) bien que toujours révélateur des habitudes, du caractère et des capacités du « sujet » !

Dès le second plat, M. Frédéric est charmé de ses hôtes ; au dessert il s’établit une si parfaite harmonie que l’on peut dire que les trois parlent en chœur.

On vient de verser le café. Le maître de la maison débouche une bouteille de cognac et la gaîté est à son comble, chacun s’amusant follement de sa propre conversation, quand il se produit un incident (tout comme à la Chambre ou au Sénat). La porte de la salle-à-manger s’entr’ouvre ; puis passe,