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de poires à poudre. Le possesseur de cet arsenal cynégétique n’a rien de belliqueux ; en dépit de ses soixante-dix ans bien sonnés il nous montre une imberbe figure piteuse de petit garçon puni. Ses yeux louches ressemblent à ceux d’un lapin mort ; ses lèvres tremblent tandis qu’il parle avec une incorrecte élégance ; ses rares cheveux plantés comme du chaume sur une maigre terre paraissent hérissés de frayeur.

— Vous venez pour me délivrer de ma cousine, soupire-t-il. C’est une personne dangeaireuse et de mœurs, je le crains, équivoques. Sa branche de notre famille domécillée à Cany n’a pas reçu autant d’inducation comme nous autres élevés à Villiéville. De là, je le crains, sa conduite nauséabonde et peu flatteuse pour sa parenteté. Le docteur-médecin-accoucheur de notre locüalité a dû la « phlibostomiser » avant-z-hier. Oui, monsieur, cette femme-là, c’est Tadmerlan en jupons…

Léonard interrompt son discours pour le prier d’empaqueter quelques vêtements et du linge pour la future internée et l’informer du moment de son départ.

— À trois heures seulement, mon cher et bon monsieur ! C’est une grande déception pour moi ! Je croyais vous la transmettre tout de suite ; et c’eût-z-été sans douleur ! Elle a encore le temps d’entrer plusieurs fois en danse, — c’est le mot positif, mon excellent monsieur ! — de me porphyriser mes meubles et d’endommager mon physique qu’elle a