Page:Nau - Force ennemie.djvu/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.

très calme et très claire dans le hourvari sinistre :

— Faut pas vous impressionner, m’sieur Veuly ! C’est ces « dames d’en face » qui sentent l’orage… Si j’avais pas la voilure, je donnerais pas deux sous de mon « melon », — demain ! C’qui va y avoir une rincée !

Je le savais trop, Léonard, que c’étaient ces « dames d’en face » et même, depuis une minute, je croyais bien reconnaître au milieu de tous ces glapissements discordants, un petit cri plus « fin », plus « joli » que les autres, mais peut-être encore plus enragé, plus féroce, qui devait jaillir… du gosier de l’adorable « princesse ». — C’est fini, je ne pourrai plus dormir cette nuit, après cela : Elle aussi une hurleuse !

— Toutes, toutes sont des hurleuses ! me répond charitablement l’Être installé en moi. Je la connais, ta bonne femme !

— Brute !

— Pas d’injures. Sais-tu comment je l’ai connue ? Peinte dans ta cervelle, mon ami, et délicieusement peinte ; — d’aucune autre façon.

— Dis donc ! puisque tu as jugé à propos de reprendre l’entretien sans que je t’en sollicite, cette fois, tu vas me faire le plaisir de m’expliquer pourquoi tu m’as choisi plutôt qu’un autre pour m’assommer de tes mauvaises plaisanteries. Je serais heureux de savoir qui tu es et d’où tu viens. Tu peux me raconter cela très succinctement puisque je suis si abruti, cette nuit !