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— Non, merci. Bonsoir, Léonard.

Sans quelqu’un ! Il ignore, Léonard, que j’ai de la compagnie. J’en préférerais peut-être une autre, mais il faut savoir se contenter de ce que l’on a.

J’ai mal fait de refuser une bougie. Tout à coup puéril, je me figure que j’aurais moins peur dans une chambre éclairée que dans l’abîme de poix où mon gardien m’a laissé. Peur ? oui ! — peur de l’Être qui me hante et qui va peut-être me parler encore.

À peine, en effet, ai-je fermé les yeux que j’entrevois au dedans de moi quelque chose de hideux, — d’indescriptible, de vague, — mais de hideux, — et que l’envahisseur me suggère de nouveau des mots et des phrases :

— Pour surpris, tu l’es, hein ? Tu n’avais jamais vu cela, un homme habité comme un fruit véreux ? Tu en as, de ces expressions ! Je parie que tu vas me prendre pour un diable et te faire exorciser ! Buffle ! crétin ! triste veau ! Ce n’est pas cela qui me délogera, va !

Je lui demande mentalement :

— Eh bien, qui es-tu et que fais-tu en moi ?

— Je t’expliquerai cela quand tu seras en état de me prêter quelque attention. Me comprendras-tu ? Voilà la question. Mais ce soir tu es fatigué et malade. Dors ! Sans cela tu vas t’amuser à souffrir. Oh ! ce n’est pas que je sois sensible. Je me moque un peu du bien-être ou des douleurs que tu peux éprouver. Mais tu m’exaspéreras de tes plaintes