À mon avis, les consolations ne sont que des emplâtres sur une jambe de bois. »
— « Comme philosophie, ce que tu dis là n’a, certes, rien de bien consolant ! »
— « La philosophie n’est peut-être que l’art d’ensevelir nos doutes sous une avalanche de mots. Au fond, Suarez avait peut-être raison de dire : « La grandeur sereine consiste à vivre avec son désespoir ; aller au delà si l’on peut, mais non pas l’accepter. »
— « Hélas ! c’est bien ce que je suis obligé de faire ! » conclut le diable.
— « Nous voilà rendus bien loin, nous qui avions commencé à blaguer sur le séparatisme de M. Chaput… Comme humoristes, tu sais… »
— « Tu sais bien qu’un humoriste, c’est un philosophe qui rit jaune… Mais, toi, que penses-tu du séparatisme de M. Chaput ? »
— « C’est un beau rêve et pas plus. Vois-tu, supposons que le Québec devienne une espèce de république où domineront les Canadiens français. »
— « Je te suis, mon vieux. »
— « Qu’arrivera-t-il à notre populo, si les éléments de langue anglaise le boycotte ? Considère, par exemple, que, dans une ville comme Montréal, il y a des dizaines de milliers des nôtres qui gagnent leur vie à travailler dans des bureaux, des usines, des magasins qui ne nous appartiennent pas. Comment les séparatistes contourneront-ils cette difficulté, si nous étions boycottés ? »
— « Je te parie que M. Chaput n’a jamais songé à cela… ni à bien d’autres conséquences possibles de son coup de tête. Comme disent les vieux marins : « Il a plus de voile que de gouvernail. »