LE SÉPARATISME
— « Comme je te l’ai déjà dit, Asmodée ne s’occupe pas seulement de chimie et d’amour. Il s’intéresse énormément au séparatisme aussi », me rappela le diable.
— « Hein ? Veux-tu me dire que le chaputisme le préoccupe ? Ce mouvement est une bien piètre affaire, tu sais. »
— « Votre premier ministre partage ton opinion ou, plutôt, tu partages la mienne. D’un autre côté, tu sembles oublier que Lucifer, Asmodée, Belzébuth, moi-même et tant d’autres sommes tous séparatistes. J’admets que le séparatisme de M. Chaput est bien minable… ; mais s’il est permis de comparer les petites choses aux grandes… »
— « Si parva magnis componere licet », comme on dit dans les pages roses du petit Larousse ! »
— « Fais-moi grâce de ton… érudition, veux-tu, et écoute-moi. Comparons ce séparatisme à celui des enfers. »
— « Où veux-tu en venir ? Je t’écoute et il me semble entendre Réal Caouette m’expliquer son Crédit social ; je ne comprends absolument rien. »
— « As-tu lu « Le Paradis perdu » de Milton ? »
— « En voilà une question ! Qui n’a pas lu ça ? »
— « Alors, tu dois te souvenir de la dégringolade des anges dans le chaos. Ce fut là le résultat de notre crise de séparatisme. »