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— « Pendant que nous y sommes, pourquoi ne pas y ajouter quelques galettes de sarrazin et une ceinture fléchée ? »

— « De toute façon, votre province a son drapeau, tandis que le Canada n’en a pas. »

— « C’est pour cela qu’aux jours de grandes fêtes, nos soldats devraient parader derrière des porteurs de hampes dénudées. Cela, au moins, nous distinguerait des autres pays de l’archi-confrérie du Commonwealth. »

— « Et dire que de minuscules pays, comme la Jamaïque et la Trinité, ont leur propre drapeau et leur hymne national. »

— « Eh oui ! Au moment où ils cessaient d’être une colonie de notre belle-mère l’Angleterre, leur premier geste fut de briser leur drapeau et d’entonner leur hymne national. »

— « Pourquoi votre gouvernement fédéral hésite-t-il depuis si longtemps à adopter « Ô Canada », comme votre hymne national ? »

— « C’est bien facile à comprendre. L’air du « Ô Canada » est l’œuvre d’un Canadien français, Calixa Lavallée, et les paroles sont d’un autre Canadien français, Basile Routhier. Nos orangistes ne pourront jamais admettre que deux Canadiens français aient pu oser commettre une pareille incongruité. Que deux fils de porteurs d’eau et de scieurs de bois aient pu trouver, dans leur cœur de patriotes, des mots et des notes d’une telle grandeur, « how shocking ! »

— « Et si je ne me trompe pas, votre hymne serait bilingue ? »

— « Oui. Et la traduction anglaise est d’un Irlandais catholique, par-dessus le marché ! Ça aussi, c’est dur à avaler. »