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LA MORT GRATUITE


Les heures passées au chalet de mon hôte avaient été merveilleuses, mais je ne pouvais décemment les prolonger, sans abuser de son hospitalité. Après l’avoir chaleureusement remercié, je lui fis part de mon désir de retourner sur terre.

Il parut regretter mon départ et m’assura que, si lui-même n’avait pas eu à retourner sur terre, il aurait insisté pour me garder plus longtemps. Vers la fin de la soirée, Charron vint me prendre avec sa vieille barque et nous fit retraverser le Styx durant la nuit.

Comme le bonhomme demandait quelle nouvelle mission il avait à remplir, le diable lui répondit :

— « Ne m’en parle pas ! Je vais m’engager dans une belle affaire ! Imagine-toi, je suis chargé de m’occuper du cas de Réal Caouette, le co-président du Crédit-Songe-creux. »

Puis, tandis que nous glissions sur le Styx, au rythme lent des rames de Charron, le diable me dit :

— « Quand tu seras de retour, je parie que tu vas publier tes impressions de voyage et raconter les entretiens que nous avons eus. »