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— « Ne vous emballez pas trop vite ! La radio ne donne pas seulement des chefs-d’œuvre. Elle est forcée, pour plaire aux philistins de la publicité, de nous ahurir des chansonnettes de prétendus ou soi-disant artistes de France ou des États-Unis. La radio finira par faire croire à ses auditeurs que Yves Montand, Aznavour, Frank Sinatra et Elvis Presley sont des artistes de valeur ! »

— « Que veux-tu, mon oncle, la radio doit, en effet, trouver le moyen de plaire par moments à chaque classe de ses auditeurs, quel qu’en soit l’étiage ! Ce n’est pas avec la « Pathétique » de Beethoven que la radio vendra de l’eau de Javel, du poli à chaussures ou de l’encaustique pour les parquets ! »

— En tout cas, je hurle de colère à entendre braire ces chansons de France ou des États-Unis ! Quand je pense qu’en plus de cela, ces prétendus artistes viennent à Montréal et à Québec, faire montre de leur insignifiance et de leur suffisance ! »

— « Pourtant, fit le diable, ces nullités remportent des succès fous, même aux États-Unis, paraît-il. »

— « La belle affaire ! répondit mon oncle. Il n’y a que deux choses que les Américains savent apprécier : l’argent et les hot-dogs. »

— « Ces chanteurs-là viennent tout de même à Montréal et aux États-Unis, après avoir remporté des succès à Paris », fit le diable.

— « Parlons-en, monsieur le diable ! rétorqua mon oncle. La plupart d’entre eux ont fait, une fois dans leur vie, salle comble dans une vague boîte de nuit des Batignoles. Il y avait là pas moins