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LE PIANISTE
ET LA RADIO


— « Aimez-vous la TV, monsieur le pianiste ?  » demanda le diable.

— « Encore moins que la radio. »

— « Ah ? la radio ne vous plaît pas non plus ?  »

— « Surtout quand elle nous donne de la grande musique, voire même de l’opéra. »

— « Pourquoi ? demanda le diable. Il me semble que les disques que nous entendons sont excellents. »

— « Je ne dis pas le contraire. Avant l’ère de la radio, on se rendait à l’opéra ou à un récital, comme on allait à l’église. Au théâtre ou à la salle de concert, il y avait une ambiance, une atmosphère, une espèce de recueillement, si je puis dire. Les dames étaient en décolleté, étincelantes de diamants… ou de pierres du Rhin, les épaules mi-couvertes de vison… ou d’imitation. Les hommes étaient en habit de gala, « en queue de morue », comme disaient les badauds, le chapeau-claque sous le bras, la mante noire doublée de satin blanc tombant en plis lourds, élégamment retroussée par une canne à pommeau d’argent. Tout le monde s’était donc mis en grande toilette pour l’occasion. »

— « C’est vrai, mon oncle ! Tout cela était merveilleux. Et puis après ? »