OÙ LE DIABLE
S’EN MÊLE
— « Excusez, messieurs, fit le diable, en riant. En vous entendant nommer Faust et Goethe, la langue me démange. »
— « Mais, mon pauvre vieux, dis-je à notre compagnon, parle ! Je suis sûr que mon oncle sera heureux de t’entendre. »
— « Serpent noir ! Je ne demande pas mieux que monsieur le diable s’en mêle !… Vous m’aiderez à fermer le moulin à paroles de mon neveu ! »
— « Je ne voudrais pas vous blesser, monsieur le pianiste, mais je crois que vous conviendrez que Goethe a donné une bien piètre idée du diable. »
— « Oui ? Expliquez-nous cela… Puis, toi, Serpent noir ! ne te réjouis pas trop d’avance ! »
— « Voici, reprit le diable, Goethe a donné à Méphisto, mon confrère, un véritable rôle d’imbécile, comme il en a, d’ailleurs, donné un à Faust. Nous avons beau avoir tous les défauts, nous ne sommes pas des idiots, et vous devez admettre que nous avons même des qualités. »
— « Avoir des qualités, Monsieur le diable, répondit Laliberté, rien de plus embêtant ! Voyez-vous, on se fait toujours plus facilement pardonner ses défauts que ses qualités. »