NOUS CAUSONS
AVEC LE PIANISTE
LALIBERTÉ
L’écran s’était à peine illuminé que j’aperçus la bonne grosse face d’Alfred Laliberté et son grand sourire narquois. Il se mit aussitôt à tonner :
— « Ah ! Serpent noir de Serpent noir ! Si c’est pas mon « neveu » que je vois ! D’où sors-tu ? Es-tu au ciel ou bien chez le diable ? »
— « Chez le diable, mon « oncle », chez le diable ! »
— « Ça me le disait aussi, Serpent noir, que c’est là que tes poésies te mèneraient. »
— « Oh ! je suis seulement en promenade ici, laisse-moi te le dire, mon oncle. Et toi, où es-tu ? »
— Ça, c’est pas de tes petites affaires ! D’ailleurs, on a dû te dire que de pareilles questions ne se posent pas. Du reste, dès que j’ai un piano et mes grandes mains pour en jouer, c’est le bonheur ! »
— « C’est bien ce que tu me disais, un de ces soirs que je veillais avec toi, dans ton immense studio à l’Édifice King’s Hall, où logeait alors Radio-Canada. Il y a longtemps de cela, hein ? »