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L’ÉPAVE MYSTÉRIEUSE

« P.-S. — J’oubliais de vous informer que je suis promu au grade de major. Beaucoup, il me semble, méritaient davantage ce grade ; mais depuis Balaklava, lord Cardigan désirait de me le voir obtenir. »

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La semaine suivante, Ferdinand était encore l’hôte du Henri IV ; parfaitement reçu chez le commandant et au carré, il commençait à se servir de sa main droite.

La distance entre l’âge de Langelle et le sien paraissait moins grande à mesure que tous deux prenaient des années et ils se trouvaient très heureux ensemble, causant du passé, faisant des projets pour l’avenir.

« Lorsque la campagne sera terminée, disait Ferdinand à son ami, dans quelques mois, après la prise de Sébastopol, vous viendrez aux Pins, pour tout le temps que durera mon congé.

— Mon cher Résort, je serai toujours heureux de me trouver chez vos parents. Cependant, en France, je ne laisse jamais longtemps seule ma mère, qui, de son côté, m’encourage toujours à me distraire. Pauvre chère mère ! Après avoir atteint l’âge de la retraite, peut-être me fixerai-je auprès d’elle, quoique j’aime passionnément mon métier ! Et des vôtres, quelles nouvelles ?

— Bonnes, merci ! Ma mère espère que mon père n’obtiendra pas ce poste promis dans l’escadre Hamelin. Marine continue à être la joie de la maison. Paul travaille, et notre ancien commandant Le Toullec passe ses journées à inventer des jeux et des cadeaux pour mon frère et ma sœur, auxquels Mademoiselle et Pluton procurent une véritable distraction. À propos, où est resté Stop ?

— À la maison, et se hérissant encore au seul nom de Mademoiselle. Mais parlez-moi donc de Thomy. En savez-vous quelque chose ?

— Il ne m’a plus donné signe de vie, ce dont je suis bien aise ; mais, à ce propos, vous ai-je parlé d’une certaine missive ?

— Non ; vous m’avez seulement appris l’insuccès de vos démarches touchant ce soldat, qui me déplut fort le jour où je le rencontrai au Clocheton.

— Eh bien, à l’instant où je quittais l’ambulance, Thomy m’adressa une lettre insolente, m’accusant de l’avoir mal défendu, peut-être même chargé auprès de ses chefs, et ajoutant ceci : « D’ailleurs, depuis notre enfance, j’ai été votre souffre-douleur, et je reste une sorte de paria, à l’armée comme à bord et aux Pins, poursuivi par les injustices de chacun. Mais je jure de me venger de tous ces généraux, de tous ces chefs. » La lettre continuait sur ce