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UN DIMANCHE AU CHANTIER

chante Tritt… Tritt… en faisant rouler son gosier, tel un pois sur du satin.

Philias sort une petite photo d’un calepin sali.

— C’est l’portrait d’ma mère… Elle est belle comme vous…

— J’aimerais ben ça, la connaître ?

— Y en tient qu’à vous… Je ne sais comment vous l’dire… mais j’ai jamais rencontré ane fille telle que vous. Ben faite, avec ça. J’aime autant vous l’dire que de l’penser car j’ai du plomb sus l’cœur… ça m’étouffe. Voulez-vous m’marier pour m’donner des beaux enfants ?

Mlle  Valade se penche davantage sur son compagnon. Ses yeux fixent une fleur sauvage, à ses pieds, petite langue vive où des guêpes mêlent leurs ailes. Elle murmure doucement :

— Moé aussi, j’vous aime… J’vous aimais déjà quand vot’père parlait de son Philias. Vous dites que j’sus ben faite. C’est-y vrai ?… Les enfants aiment ça qu’on soit ronde, dure et forte ? Oui, j’vous marierai, mais y faudra attendre à l’été qui vient. Mon père s’fait vieux et j’lui ai promis d’aller faire un autre hivarnement au lac des Sables.

— J’vous r’marcie ben gros d’vouloir m’épouser… On va donc mettre l’mariage à l’autre mois d’juillet… Dans onze mois j’aurai l’temps