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À LA HACHE

enfonce son talon dans le sable, la contemple de nouveau.

— Mon Dieu… vous avez donc ane belle chevelure… Voulez-vous que j’la touche ?…

Ernestine, toute rougissante :

— Y doit pas avoir de mal à ça.

Elle penche sa tête, naïvement, jusque sur l’épaule de celui qu’elle aimait déjà avant de le connaître. Ce dernier caresse la soie rousse, enfonce ses lèvres dans un rêve vivant et murmure :

— Y sentent donc bon ! Pareil comme de l’orge coupée, quand la brunante y jette son s’rin…

Sans contrainte, sous la poussée impérieuse qui domine la vie depuis que le monde est monde, les mains se joignent. Le couple demeure silencieux, s’admire. Un écureuil gruge une noix, au-dessus de leurs têtes, et fait tomber des parcelles d’amande dans la blouse échancrée de la jeune fille. Elle frissonne et s’écrie :

— C’est comme des mouches… ça chatouille et c’est ben frette, ces miettes-là… Va t’en polisson…

Elle lance un gravier à l’importun et découvre le creux d’une aisselle, épaisse et chatoyante comme le dos d’un chardonneret. L’écureuil saute plus loin, se remet sur le derrière et