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À LA HACHE

Tous ont revêtu leurs plus beaux habits : ceintures fléchées, ces étreintes radieuses du pays ; mouchoirs voyants, autour du cou, soulevés par la tiédeur de l’air, en libellules diaprées ; mackinas en étoffe. Des damiers colorés. Enfin, les tuques lourdes de laine du village jettent leurs fleurs lumineuses au-dessus des tables, rangées au mur.

Communion générale de 175 rustres. Ils s’approchent gauchement, font la génuflexion, en se saluant parfois. Les uns, en revenant de la Table Sainte, une serviette neuve, tirent un brin de laine de leur ceinture, ou encore fouillent dans la poche de leur chemise.

Madame Valade et sa fille s’approchent les dernières, seules, pieusement.

La messe commence. Autre surprise préparée par Laurence. Il avait demandé à Dionne Desrosiers de jouer du violon. L’air roule : « Minuit, chrétiens… ». Philias chante le cantique, regarde au plafond, avec une ferveur de martyr.

— « Il est né le divin enfant… »

Toute l’assistance, à l’unisson. Les couvercles des chaudrons s’éveillent. Les vitres répondent. Et jusqu’à Jésus qui tremblote, sous la puissance de ces souffles sains… Échos de tous les