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À LA HACHE

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— Commis, l’curé commence à r’cevoir les confessions.

Après m’avoir averti, Ferdinand Boisvert monte au dortoir des travailleurs. Je l’y accompagne.

Dans un coin, deux couvertes ferment l’endroit sacré où Dieu prend contact avec les hommes. Personne ne parle. Une seule lampe, rayon d’âme rude, avec des chatoiements de lampe du sanctuaire.

Les chapelets carillonnent leurs prières en grelottant. Une vingtaine de bûcherons sont agenouillés, coudes sur les lits et tête entre les mains. Dulac, dans un coin, regarde la porte de la fournaise, fente blonde, et compte sur ses doigts. Un autre se frotte le menton, soucieux, et agite une jambe croisée, en signe de regrets.

À tour de rôle chacun entre ou sort du confessionnal, digne des catacombes. Les uns sourient, d’autres repoussent une larme, rudement, poing fermé.

Voici Dulac qui a terminé son calcul. Il s’engouffre, tout rougissant, dans la cachette grise. Au retour, il chuchotte à Bazinet, tout penaud :

— Crains rien, y est pas dangereux… y prend ça comme un coup d’lait…