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À LA HACHE

noces et place la tête en fromage de veau au milieu d’là table : « Voici de la bonne langue, mussieu l’visiteur » Lui y répond, du bout des dents : « Merci, madame, je ne mange rien de ce qui sort de la bouche d’un animal. » Le père, qui lisait son journal, regarde les culottes blanches, la ch’mise en soie. Il pousse ses lunettes sur son front et crie à sa vieille : « Fais lui donc cuire un œuf ! »…

Dionne Desrosiers s’enhardit. Et d’une voix moqueuse autant que son violon, il hasarde :

— Un soir, mon grand-pére, qui demeurait avec nous autres, à sa rente, dans l’village, arrive de veiller à minuit. Sa vieille l’engueule : « T’as pas honte, un homme de ton âge. » Il lui répond : « Tu sais ben que je couraille pas, la mère… j’viens de jouer aux dames. » De mon lit, j’entends la vieille lui crier : « C’est ben, c’est ben on va voir ça tout à l’heure… »

Le père Doyon, redemandé à grands cris, s’exécute :

— C’est la dernière, mes amis. Après nous dirons le chapelet, n’est-ce pas ? J’ai connu un bon vieux curé, aimant à discourir longtemps, au prône. Rien ne le brûlait plus que de voir ses paroissiens cogner des clous à l’église. Un de ces chauds dimanches de juillet, le pasteur sermonnait bien depuis une heure, lorsqu’il vit