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À LA HACHE

en cuisine. Et Willie Morissette est déjà jusqu’au cou à brasser dans un plat de farine.

Des employés clouent une dernière lisière de papier goudronné sur les perches du toit. Dans une cuve, à la porte, trempe le lavage du cuisinier : tabliers, bonnets, caleçons, chaussettes et mouchoirs. Le savonnage y crève et se regonfle, aux fantaisies du vent et des rayons.

Parfois, des boulettes de pâte humide tombent de la fenêtre ouverte et viennent rebondir sur le sol. La propreté du chef, petit bonhomme aux yeux d’Indien, fait la joie des moineaux et des pies, ces fidèles qui affrontent les giboulées. Les voyez-vous, picorant dans ces miettes de levain ? Les becs se prennent entre un piège mou ; les pattes viennent à la rescousse et s’empêtrent à leur tour. À l’intérieur de la masure, un couvercle de chaudron tombe. La bande s’envole. Des feuilles roulées pesamment, car les ailes n’ont que faire à supporter les paquets blancs. Et Boisvert de dire, avec sa philosophie originale :

— Tabarnac ! le pain qui vole, avec des voleurs volant…

Une alerte drôlatique fait passer l’heure. Peu avant le dîner, un cyclone s’aventure dans le bel entonnoir des pics voisins. Pris au piège, le vent, furieux, s’attaque aux bâtisses. Morissette