Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
145
UN BAL À L’HUILE

poussière dorée, faite d’atomes de froment, de sueurs humaines.

Laurence montre l’oriflamme et crie :

— Vive Québec !… Vive la première souche !… Vive les déchifreurs… Et j’vous donne ane maxime de « pas trop vieux » :… « L’bonheur, c’est la fécondité de l’emblème… La ster… l’athée… J’m’en rappelle pus, estusez-là… »

Il m’est impossible de rire, mon cœur bat trop vite. J’examine le symbole sacré. Un sac de toile bien lavé, deux dos de chemises rouges et un carré de flanalette bleue, cousus ensemble, avec du fil à ligneux. Jamais un drapeau n’a soulevé mon enthousiasme plus que cette loque.

Et quel choix, naturellement sans recherche, de la part du cher Laurence. Blanc de farine qui donne la chair. Rouge de chemise, ayant vieilli à boire les fatigues. Bleu de couverte, gardant tout l’avenir avec ses secrets d’alcôve. Et ce fil, brillant comme de l’acier, noir autant qu’une glaise riche… Tout, enfin, proclame la sublime grandeur de ces humbles…

Avec de tels gardiens, un peuple ne doit pas, ne peut pas mourir !…

La fête continue. Morceaux d’accordéon, par Réal Archambault, jeune commis qui fera l’inspection des billots.

— Réal, brasse-nous « La Marseillaise » !