Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
À LA HACHE

sur le gazon. Rires de Laurence. Effroi des moineaux. Nouveaux lavage. C’est la vie…

L’équarrisseur Laurence préside au pliage. Ses grands bras se prêtent admirablement à l’opération. Puis, il aime tant la laine. Cela lui rappelle le métier de l’aïeule. Toute une époque ressuscite. C’est tendrement qu’il leur parle.

— Voyons, toé, la bleue, encore un brin d’soleil… Y faut pas que tu t’enrhumes… C’t’elle-là y faudra ben la rac’moder… son dormeur y d’vait rêver en vlimeux pour déchirer d’même… Mes p’tites amies, les madames d’là ville, cré gué, y en ont pas d’ces couvartes qui s’usent à s’frotter sus l’bon terreau d’nos montagnes… C’est avec ces drapeaux là qu’not’race a renforci, a prospérité…

Les estropiées, les fendues, les trouées, sont mises à part. Mlle  Valade reçoit 25 centins la paire pour le reprisage. Elle vient chercher son travail avec l’aurore. Au crépuscule nous la revoyons qui rapporte le tout.

La belle enfant jette des clartés dans les regards de mes vieux. C’est alors que la nature est plus scintillante, l’horizon plus bleu.

Et, force d’habitude, je me surprends à me gratter, en grattant ici, mes souvenirs de… « couvartes »…