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CORVÉES D’ÉTÉ

À l’aide de grappins, la laine mouillée est tirée dans les chaudières. Chaque bouillotte dure une heure. Puis, refroidissement, par un rinçage à tour de bras dans l’onde. Il est joli de voir flotter ces algues brunes, jaunes, blanches (pas souvent) avec leurs franges rouges et vertes, se confondant dans l’eau de la baie. Les poissons ne savent que… nager, parmi ce branle-bas sous-marin.

Enfin, chaque paire est passée à l’essoreuse, qui happe, écrase, tire, assèche. Les couvertes sont alors étendues sur l’herbe, au grand plaisir de Chanteclerc, pouvant offrir des tapis d’Orient à ses poules. Orgie de picotement, à travers les carrés nets, pour trouver les cadavres des bandits du camp Sale et d’ailleurs. Les punaises s’offrent toujours les premières. Elles ont gardé, même dans la mort, leur teint frais et rose. Du fard en taches. Et la colonie à plumes y va de tous ses becs.

D’autres couvertes sont accrochées aux broches en fer. Lignes téléphoniques habillées. Le vent s’y cache. Le soleil le suit. Cailleron s’y dandine, en petite folle. Elle découvre un monde à chaque allée. Parfois, une tenture humide lui tombe sur le dos. Alors… Toréador, en garde !… Scène de cinéma : danse du ventre homérique