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À LA HACHE

nécessités journalières. Ce qui s’appelle, en bon français des Laurentides : « fourrer le chien ».

À trois, nous lavons 25 paires de couvertes par jour. Grasse matinée à bourrer les pipes, tout en bourrant les poêles qui réchauffent notre eau.

Savez-vous que c’est toute une profession, que de laver les couvertes du lac Clair ?

Transport en brouette d’une douzaine de paires. Chacune pèse 10 livres et 8 lorsque lavée. Puis, dans le lac, à tremper. Condamnation de 24 heures. Alors commence la guerre aux poux, puces, punaises, enfin toute la hiérarchie. Les bons nageurs survivent. Loi toujours nouvelle du plus fort.

Deux poêles sont installés dans un gros chaland de 35 pieds de long. Quatre bouilloires de 20 gallons chacune y pérorent. Elles préparent un savonnage de la plus belle eau. Une énorme barrique s’écrase dans un coin du plancher flottant. Son utilité : salle de rinçage.

Les deux tuyaux galeux sont attachés par des fils de fer : perchoirs de grives. La flamme fox-trotte des extrémités arrondies. Les rondins de cèdre et de pin, secs comme des vendredis, s’évaporent en flammèches, mangées par l’air qui les attire. La nuit, des mouches à feu s’y entassent.