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LA DESCENTE DES BILLOTS

Les rameurs vérifient leur position, avancent. Deux crochets de fer mordent le cuir du malheureux sapin et vite dans la prison du courant !

Avait-il commencé une idylle avec une fleur d’aubépine ? Lui racontait-il ses malheurs, d’avoir été coupé, abattu, traîné au moment où la chaleur des nids commençait à pénétrer ses branches ?…

Aucun pardon, la consigne est implacable. Il faut du papier à la civilisation.

Nuit au lac Rond, coupe taillée dans un cœur de montagne. Il fait bon de dormir au milieu d’un pareil écrin. La binette des arbres est toute drôle, penchés qu’ils sont au-dessus de cette mare de mercure. Tous se découvrent des yeux nouveaux, les étoiles espiègles se reluquant entre leurs branches.

Émoi pendant la nuit.

Un ours fourre son nez glacé dans ma tante et sent mon voisin, Raphaël Le Tendre, au dos. Cri de mort du dormeur. Effroi bleu de Martin, qui court encore et ne reviendra plus, croyez-m’en, chercher du miel sauvage à pareil endroit…

Rien d’agréable comme une promenade en canot, aux petites heures du matin.