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résumé de l’histoire de l’union

Geer répondait que ce serait l’application du principe d’égalité bien compris, l’égalité ne pouvant être absolue, mais devant être relative[1].

Vingt ans plus tard* le même personnage, grand penseur, recherchant avant tout la vérité, et se trouvant encore dans la plénitude de ses facultés, mais n’étant plus sous l’influence du parti des hobereaux, et par conséquent absolument détaché des considérations d’ordre parlementaire, s’est élevé à lui-même un monument unionnel, en écrivant les phrases suivantes dans ses Minnen (souvenirs)[2] :

« Si l’on base son jugement sur les règles générales du droit, on ne saurait nier que les Norvégiens n’aient raison au fond dans presque toutes leurs prétentions. Il n’est pas juste que l’un des deux peuples sacrifie une plus grande part de son indépendance que son voisin, car alors il passe plus ou moins à l’état de vassal… — La Suède doit aller aussi loin quelle le peut au devant des vœux de la Norvège. Si donc, la Norvège veut avoir des consulats à elle, des traités séparés de commerce et de navigation, des douanes et des postes séparées, il ne faut pas que cela lui soit refusé par les Suédois. »

Il n’en est pas moins vrai que le même esprit qui força de Geer, dans son projet de parlement unionnel, à fouler aux pieds la logique la

  1. Sars. l. c., p. 527.
  2. De Geer, Minnen, tome ii, page 274.