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la norvège et l’union avec la suède

devant le mécontentement des classes supérieures de la Suède ; sept années ne s’étaient pas encore écoulées qu’il chercha même à donner une forme pratique au projet qu’il s’était tracé, et que nous avons cité plus haut, concernant le retrait des concessions faites par la Suède en vue d’arriver à l’établissement de l’union. En 1821, au point de vue européen, le moment était favorable à des changements dans ce sens ; la Sainte-Alliance était à son apogée, et le Storthing avait, de plus, par son attitude, créé des difficultés au pouvoir royal.

Notre Constitution (art. 79) accorde au roi un veto suspensif, c’est-à-dire qu’il peut, en refusant sa sanction, rendre une loi nulle les deux premières fois qu’elle est votée, et devant deux Storthings différents ; mais, si cette même loi est de nouveau votée une troisième fois, dans des termes identiques par un troisième Storthing, issu d’élections nouvelles, elle acquiert force de loi en Norvège, malgré le veto royal.

C’est de ce droit que le Storthing usa pour la première fois en 1821 ; il s’agissait de mettre en vigueur la loi relative à l’abolition de la noblesse en Norvège, loi particulièrement odieuse aux classes supérieures de la Suède, et considérée par elles comme contraire à l’intérêt social. Le Storthing, avec quelque imprudence, créa aussi des difficultés lorsqu’il s agit de voter les trois millions de speciedaler (12 millions de kroner), fixés par la convention entre le gouvernement danois et le gouvernement norvégien ; c’était la part de la Norvège dans la