Page:Nansen - La Norvège et l'Union avec la Suède, trad Rouy, 1905.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
5
introduction historique

Les vieilles familles aristocratiques, relativement rares dans ce pays démocratique de paysans propriétaires, se déchiraient entre elles, mais en même temps le peuple s’affaiblissait. Finalement, il n’y eut plus de familles dirigeantes, dont le nom seul eût servi de trait d’union au peuple dans les temps difficiles, et créé une force pour résister aux influences du dehors. Mais, ce manque d’hommes dirigeants et de grandes familles, qui, en d’autres pays, tout en veillant à l’observation des lois, formaient un intermédiaire entre le roi et le peuple, fit que ce peuple se trouva en rapport plus constant et plus étroit avec la royauté, et accrut sa fidélité aux lois et au pouvoir royal.

Ce fait explique cette fidélité à la maison royale, qui a toujours été une caractéristique du paysan norvégien ; on verra tout à l’heure les conséquences fâcheuses qui, dans le cours de notre histoire, en furent le résultat.

Lorsque, en 1387, la dynastie royale s’éteignit, la couronne de Norvège passa sur la tête des rois de Danemark ; grâce au loyalisme des Norvégiens et à l’absence de familles dirigeantes, le pays glissa sans résistance, dans une union permanente, d’abord avec le Danemark et la Suède (Union de Kalmar), puis avec le Danemark seul[1].

  1. L’union des deux pays avait déjà commencé en 1376 lorsque Olaf Haakonssœn, héritier de la couronne de Norvège, fut élu roi de Danemark ; il devint même roi de Norvège en 1380, mais mourut en 1387.