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TEMPÊTE DANS L’INTÉRIEUR DU GRÖNLAND.

Le soir, avec cet ouragan, jugez s’il est facile de dresser la tente ! Plusieurs d’entre nous, qui le matin ne s’étaient pas très chaudement vêtus, doivent se déshabiller pour prendre sur eux tous les vêtements ; je vous laisse à penser si par un temps pareil cette toilette est agréable ! En me livrant à cette opération, j’ai la main gauche à moitié gelée et c’est avec les plus grandes peines que je réussis à boutonner mes vêtements. Chassées par le vent, de fines particules pénètrent par tous les interstices des habits ; nous avons la sensation de marcher nus au milieu de l’ouragan.


LE SOUPER DANS LA TENTE.
(DESSIN D’E. NIELSEN.)

En dépit de la tempête, la tente est dressée. La neige tombe dans notre abri en telle quantité qu’il est impossible d’allumer la lampe : il faut se contenter d’un souper froid, composé de biscuit, de pâté de foie et de pemmican. Nous nous enfouissons dans nos sacs de couchage pour manger ; aussitôt après, nous nous endormons profondément pendant que la tourmente fait rage au dehors. L’étape de la journée avait été longue : nous l’estimions à environ 45 kilomètres (en réalité nous n’en avions parcouru que 28).

Toute la nuit, ouragan ; le vent monte vers l’est. Le lendemain