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NOUS NOUS DIRIGEONS VERS GODTHAAB.

nous sommes là six hommes tirant péniblement de lourds traîneaux, et les voiles qui flottent au vent cachent des figures halées par le plein air et qui depuis longtemps n’ont pas été débarbouillées.


LA CARAVANE EN MARCHE SUR L’INLANDSIS.
(DESSIN D’A. BLOCH, D’APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.)

Le 29 août le vent tombe : les voiles deviennent inutiles et nous nous attelons aux traîneaux. La neige est molle et profonde. Dans ces conditions, Dietrichson, Sverdrup et moi chaussons les raquettes canadiennes. Nous n’avons pas l’habitude de nous en servir, et au début nous n’avançons guère. Nous n’écartons pas suffisamment les jambes et à chaque instant le disque attaché à la jambe droite vient tomber sur celui de la jambe gauche ; impossible ensuite de faire un pas. Nous ne nous laissons pas rebuter par ces premières difficultés, bientôt l’expérience est acquise, et nous pouvons marcher rapidement. Avec ces raquettes on n’enfonce pas et le pied est parfaitement assuré sur la neige. Voyant l’avantage qu’elles présentent, nous nous prenons à regretter de ne les avoir point employées plus tôt. Kristiansen veut à son tour essayer ces engins ; la tentative ne lui réussit guère ; furieux de cette déconvenue, il les jette avec rage