Page:Nansen - À travers le Grönland, trad Rabot, 1893.djvu/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
258
a travers le grönland.

civil de la marine américaine, et de M. Chr. Maigaard, fonctionnaire danois au Grönland (1886).

Pour cette fois, Peary voulait simplement faire une reconnaissance de l’inlandsis[1]. Il avait tout d’abord songé à se servir de traîneaux halés par des chiens : mais au moment du départ les Grönlandais disparurent avec leurs attelages. Peary et Maigaard partirent alors seuls et à pied ; les premiers jours ils furent accompagnés par un Grönlandais et une Grönlandaise, mais, à peu de distance de la lisière du glacier, l’un et l’autre refusèrent d’aller plus loin.

Le point de départ de celle expédition fut le fjord Pakilsok ou Ilordlek, situé par 69° 30’ de latitude nord, le même que celui choisi par Whymper. Le 28 juin commença l’escalade du glacier. Des vivres pour trente jours et le reste de l’équipement étaient chargés sur deux traîneaux américains[2]. Les explorateurs étaient munis de ski et de raquettes canadiennes ; ces derniers engins leur furent très utiles. En place de tente, ils dormirent sous un prélart tendu entre les deux traîneaux. Du 7 au 12 juillet, ils s’abritèrent sous des huttes de neige, mais plus loin le mauvais état du névé les obligea à renoncer à ces constructions.

Dans la soirée du 2 juillet éclata une tourmente qui dura jusqu’au surlendemain matin : ils abandonnèrent alors leurs traîneaux et retournèrent à leur campement, établi sur les bords du fjord, pour y attendre un changement de temps.

Le 6 juillet, les deux explorateurs se remirent en marche et poursuivirent leur route après avoir établi sur le glacier un dépôt de huit jours de vivres. Le lendemain, en traversant un petit lac recouvert d’une mince couche déglacé, le traîneau de Maigaard tomba à l’eau, tous les effets imprégnés d’eau augmentèrent sensiblement son poids, et, après cette mésaventure, le halage devint très pénible.

Pendant la plus grande partie du voyage, la température resta au-dessous de zéro ; dans la nuit du 12 au 13 juillet, elle descendit même à — 14 degrés centigrades. Le lendemain se produisit un changement très désavantageux pour les voyageurs. Sous l’influence d’un coup de vent du sud-est, la température s’éleva brusquement

  1. Bulletin of the American geographical Society, vol. XIX. New York, 1887.
  2. Ils étaient longs de 2 m. 70, larges de 55 centimètres, et pesaient 11 kilogrammes.