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dent les messieurs se déshabiller, elles n’auraient certainement pas compris et, sûrement, ne se seraient point retirées. Lorsque les spectateurs nous voient entrer l’un après l’autre dans les sacs, grande est leur joie ; maintenant tous les six nous sommes couchés, la porte de la tente est fermée : bonsoir tous.

Pour la nuit nous n’établissons pas de garde ; nous dormons tous profondément, réveillés seulement de temps à autre par le hurlement des chiens. La matinée est déjà avancée lorsque nous sortons
je rencontrai une jeunne femme fort avenante.
(d’après une photographie.)
de nos sacs. Par les interstices de la porte de la tente, nous apercevons les indigènes faisant les cent pas devant notre habitation, impatients d’assister à l’intéressant spectacle de notre lever. En notre honneur, tous ont revêtu leurs plus beaux habits, des jaquettes en peau d’intestins de phoque, blanches comme du linge. Autour de nos canots s’agite une foule curieuse ; on examine les rames, les gaffes, tous les objets garnis de fer, on se les passe de main en main, en prenant le plus grand soin de ne pas les endommager. La porte de la tente ouverte, une double haie de curieux se forme immédiatement pour voir comment nous sortons des sacs et pour assister à notre toilette. Une ceinture ornée de dessins en verroterie et garnie d’une agrafe que portail Kristiansen excita surtout l’étonnement général. Chacun voulut la voir et la toucher, et accompagna cet examen de grognements poussés en chœur. Notre compagnon avait agrafé cette ceinture, lorsque survint un homme qui ne l’avait pas vue. Sans plus se gêner, notre homme releva le vêtement de Kristiansen, pour pouvoir admirer à son aise cet objet d’art. Notre déjeuner, composé de biscuits et d’eau, fut rapidement avalé en présence d’une foule.