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jaunâtres, et près de la mer, des kayaks, des oumiaks disséminés.
enfant eskimo du cap bille. (d’après une photographie.)
avec des engins de poche et d’autres instruments. Tout autour de nous les eaux grouillent de kayaks. Comme cadre de cette scène pittoresque, figurez-vous un grand glacier, la mer parsemée de glaces et un ciel empourpré ; au milieu mettez nos deux canots montés par six hommes qui n’ont guère la mine de gens civilisés. Voilà le tableau.

Quel mouvement se donnent tous ces pauvres indigènes, et qu’ils font plaisir à voir après un long séjour dans la solitude !

Dès que nous avons débarqué et solidement amarré les canots, une foule de naturels nous entoure, nous contemplant avec étonnement. Tout le monde rit et se montre empressé à nous rendre service. Le sourire aux lèvres, c’est la salutation des Eskimos, leur idiome n’ayant aucun terme pour souhaiter la bienvenue. Ces pauvres gens paraissent mener une vie
eskimos du cap bille. (dessin d’e. nielsen, d’après une photographie.)
assez heureuse au milieu de ce monde de neige et de glace ; et, ma foi, en les voyant, il nous vient le désir de rester quelque temps parmi eux.

Nous étant arrêtés à l’entrée de la plus grande tente, on nous invite par signes à y entrer ; immédiatement nous acceptons l’offre. Après avoir passé la porte, puis nous être glissés sous un rideau en peau d’intestins de phoque, en baissant la tête à cause du peu d’élévation du passage, nous voici dans une sorte de chambre éclairée par plusieurs lampes à huile.