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historique des expéditions.

du xvie siècle seulement furent organisées les premières expéditions pour retrouver le Grönland. La côte est étant plus rapprochée d’Europe, ce fut de ce côté que les premières tentatives furent dirigées.

En 1579, l’Anglais James Allday[1] fut mis à la tête de deux navires et chargé d’atteindre le Grönland[2]. Un journal, tenu à bord du bâtiment sur lequel Allday se trouvait, est le seul document que nous possédions de ce voyage[3]. Le 26 août à six heures du matin, sept jours après avoir quitté l’Islande, l’expédition arriva en vue de la côte orientale. Il est impossible de déterminer avec certitude le point où elle parvint. A mon avis, elle serait arrivée un peu au nord du cap Dan. Elle lit ensuite route au sud-ouest et, le 29, s’approcha à 2 milles de terre, mais là elle fut arrêtée par la glace.

S’étant éloignés de la côte, les navires d’Allday rencontrèrent du gros temps, et après avoir couru de grands dangers battirent en retraite sans avoir aperçu une seconde fois la côte.

Suivant toute vraisemblance, les renseignements donnés dans le journal du bord sont exacts. Cette expédition serait donc celle qui, jusqu’en 1883, aurait le plus approché de la côte orientale du Grönland. A la fin d’août, dans les parages du cap Dan, la banquise est en effet généralement peu compacte. Dans le courant de ce mois, notre expédition trouva la mer complètement libre dans cette région[4].

Allday attribua l’insuccès de son entreprise à son départ tardif. L’année suivante, une nouvelle expédition fut organisée ; elle n’eut aucun résultat, croit-on ; en tout cas, il n’existe aucun document sur ce voyage.

  1. Les documents norvégiens l’appellent encore Jacob Aldax ou Aldag.
  2. L’expédition d’Allday n’est peut-être pas la première qui ait été organisée pour retrouver le Grönland. D’après une proclamation de Frédéric II aux habitants du Grönland, en date du 12 avril 1568, un navire commandé par un certain Kristiern Aalborg devait partir cette année-là pour les anciennes colonies perdues ; nous n’avons aucun renseignement sur cette expédition. Plus tard, Frédéric II a également entamé des négociations avec un Russe, Peder Nichetz, qui prétendait connaître la route du Grönland. (Il confondait probablement avec le Spitzberg ou la Nouvelle-Zemble.) Nous ignorons également le résultat de ces négociations.
  3. Il est reproduit dans les Grönlands historiske Mindesmærker, Copenhague, 1845, vol. III, p. 641-647.
  4. A peu près à la même époque (1576 à 1578), l’Anglais Martin Frobisher avait déjà accompli trois voyages pour découvrir le passage du nord-ouest. Au cours de ces explorations, il avait aperçu la côte sud-ouest du Grönland qu’il crut être le Friesland des Zeni, et qu’il appella la Nouvelle-Angleterre.