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les conquêtes du commandant belormeau

— Ai-je la berlue ? se dit Minna, Valentine serait-elle assez folle pour s’être laissée prendre aux pièges du commandant ? Il est bien vrai qu’elle a rompu avec Philippe, mais il est vrai, aussi, je le sais mieux que personne, qu’elle a toujours été hostile à ce mariage…, ce ne serait donc pas une preuve… Oh ! oui, vraiment, la pauvre petite, il faudrait qu’elle fût folle !

Minna hocha sa tête blonde et avec un soudain retour de tristesse :

— Il me sied bien de parler de sagesse, à moi qui ai conduit tout droit ma barque à l’écueil.

Cependant le commandant Belormeau était à mille lieues de penser que Mlle Valentine Stenneverck attendît une demande en mariage, comme aboutissement logique de ses assiduités !

Il suivait de point en point son petit programme et ne sentait pas la nécessité de le changer.

Quand il échouait, cela ne le contristait pas longtemps ; mais, il faut le dire à sa décharge, il ne pensait pas non plus qu’on pût souffrir par lui.

Les jeunes personnes à qui il contait fleurette savaient bien qu’il n’était qu’un passant ; jamais il ne leur laissait croire qu’il pourrait s’attarder sur le chemin.

Un homme comme le commandant Belormeau ne pouvait certes pas deviner ce qui s’agitait dans une âme comme celle de Valentine.

Ce qui lui importait le plus à lui, c’était d’être aperçu, par quelques-uns, en compagnie d’une mystérieuse silhouette féminine ; quoi qu’on en pût penser, cela suffisait à ses ambitions.

La grâce fière et la beauté délicate de la jeune fille donneraient à son acquiescement une valeur inusitée.

Restait à le demander et à l’obtenir.

Les circonstances semblèrent vouloir se faire les complices du bel officier.