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VI


Jamais la nuit de Noël ne s’était passée si peu gaîment chez les frères Stenneverck.

Certes, chez François, la présence des garçons, leur turbulence et leurs rires, conservaient les apparences ; mais c’était la première fois, depuis nombre d’années, que la place de Pierre demeurait vide, à la grande table.

Minna ne pouvait s’empêcher de songer aux joyeuses veillées de jadis, alors qu’ils attendaient ensemble la messe de minuit, en devisant de mille choses que la verve de Pierre rendait si amusantes.

Chez Michel, la tristesse était plus profonde encore. Valentine, après la crise nerveuse qui l’avait secouée, s’était sentie incapable de se rendre à l’église ; sa mère n’avait pas voulu la laisser seule, avec l’aïeul, dans la grande maison silencieuse.

Nanniche dut se contenter de la compagnie de son maître, pour se rendre à la messe et au retour, il la laissa réveillonner, seule, dans la cuisine ; aussi le vin chaud aux épices et les gaufres à la fleur d’oranger lui parurent manquer de saveur.

Le lendemain, quand Michel s’éveilla, après deux heures de mauvais sommeil, il dit à sa femme.

— J’avais fait le projet d’aller au-devant de Phi­lippe, afin de lui éviter la déconvenue qui l’attend ici. Il est plus tard que je ne pensais : je n’arriverais pas avant son départ.