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les conquêtes du commandant belormeau

serviteurs, assistaient à la messe de minuit. Nanniche, même, se montrait tolérable pour la circonstance.

Oui, l’heure allait sonner de s’agenouiller devant la crèche. Valentine y porterait-elle son cœur troublé, sa conscience lourde de son secret ?

Son silence, — elle ne pouvait se faire plus long temps illusion, — était coupable, devenait cruel pour le pauvre Philippe qu’elle laissait échafauder ses rêves de bonheur.

Soudain, avec un grand sanglot qui déchira le silence, elle s’abattit sur l’épaule de sa mère.

— Qu’as-tu, qu’as-tu, ma petite fille ? s’écria celle-ci, effrayée.

La jeune fille fit signe qu’elle ne pouvait répondre, suffoquée par ses larmes, et la mère laissa passer le premier flot.

— Qu’as-tu, Valentine ? répéta la pauvre femme.

— Maman, je ne puis pas ; je ne veux pas épouser Philippe.

— Qu’est-ce que tu dis ? Je comprends mal… Tu ne veux pas épouser Philippe ?

— Non, maman ; je ne l’aime pas.

— Et, malheureuse enfant ! tu attends à aujourd’hui pour nous le dire ! Comment apprendre cela à ton père ?

Les pas de celui-ci, justement, se faisaient entendre dans le couloir ; il ouvrit la porte et demeura muet d’étonnement devant le désordre de Valentine qui, les cheveux dénoués, les traits crispés, essuyait d’intarissables larmes.

— Qu’y a-t-il ? demanda le filateur.

La jeune fille enfouit son visage entre ses mains.

— Qu’y a-t-il ? répéta impérieusement Michel Stenneverck.

— Mon pauvre ami, elle me dit qu’elle ne peut pas se résigner à épouser Philippe.

— Se résigner, fit sévèrement le père… Qui donc