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les conquêtes du commandant belormeau

Quellec, assis sur l’extrême bord de sa chaise, donnait tous les signes de la plus sympathique attention.

— Mlle Minna, reprit le commandant, un Greuze, mais cela ne te dit rien ; imagine-toi un minois espiègle, des cheveux d’or, une fraîcheur de rose du Bengale ; sa cousine, Mlle Valentine, une brune, à la chaude pâleur, des yeux d’Orientale, un air de langueur adorable ; une rose thé, celle-ci… Je te jure, Quellec, que s’il m’était donné de le faire, je ne saurais laquelle choisir.

Et d’une voix mâle et bien timbrée, le commandant entama une romance, alors, à la mode :

— « Entre les deux, mon cœur balance. »

— Demain et après-demain, reprit-il quand il eut terminé son couplet, je dînerai chez le maire et chez le notaire ; Mme la mairesse ne peut m’offrir qu’un intérêt culinaire, si j’ose dire… quant à Mme la notairesse, elle fut belle ; hélas ! il y a quarante ans !… Mais la semaine prochaine ; je serai dédommagé, car je prendrai place à la table du père de la délicieuse Minna.

François Stenneverck avait, en effet, adressé dès sa première visite, une cordiale invitation au commandant Belormeau. Son frère, Michel, se réservait d’en faire autant, mais Valentine avait pris mal à la gorge. À la moindre indisposition, on couvait la jeune fille. Elle ne sortirait point d’ici huit ou quinze jours et l’on attendrait son complet rétablissement pour fêter le commandant.

Mme François et Gertrude furent fort affairées par les préparatifs du dîner ; la grande salle éclairée, bien chauffée, décorée de houx et de sapin, avait, par la glaciale soirée d’hiver, un aspect des plus accueillants quand l’officier fit son entrée.

Les cinq garçons astiqués et lustrés gardaient une sagesse exemplaire ; Minna, en robe blanche, une rose