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les conquêtes du commandant belormeau

Peut-être, en temps de guerre, se fût-il montré insuffisant ; mais la France jouissait, alors, d’un peu de paix et c’était un officier extrêmement décoratif.

Quant à son cœur, on ne pouvait dire qu’il fût vaste, ni profond ; il était plutôt d’un accès très facile ; seulement la porte de sortie y voisinait de bien près avec celle d’entrée.

Le commandant, bienveillant aux hommes, était tendre, à l’excès, avec les femmes. Il ne pouvait demeurer, en tête à tête, avec l’une d’elles, sans se sentir épris, mais épris, avec une sincérité qui éclatait sur son visage et qui, selon les cas, pouvait durer de cinq minutes à cinq semaines.

Les images se succédaient dans son cœur, toutes aimables, toutes charmantes, toutes chères.

Il aimait celle-ci, parce qu’elle était blonde, celle-là, parce qu’elle était brune ; telle autre, parce qu’elle n’était ni l’une ni l’autre et, le malheur, c’est qu’il les aimait toutes en même temps.

La tonne foi indiscutable du commandant Belormeau était ainsi extrêmement dangereuse pour les jeunes personnes inexpérimentées que le destin mettait sur sa route. Il avait, devant une femme, un tel air d’admiration naïve, qu’il était bien rare que celle-ci n’en fût pas touchée.

Venant d’un tel homme, l’hommage acquérait une spéciale valeur.

Le commandant Belormeau était donc un redoutable séducteur ; non qu’il fût pervers, non qu’il combinât des plans machiavéliques ou qu’il préméditât ses conquêtes.

Déjà, il avait fait couler bien des larmes, quand un brusque départ de son détachement ou la non moins brusque révélation du partage indéfini de sa tendresse venait atteindre, en plein cœur, celles qui se croyaient tant aimées. Le commandant parlait très volontiers de ses succès ; il feuilletait ses sou-