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IV


Il faisait un temps glacial : un vent cinglant, un brouillard épais et il tombait, par intervalles, des averses d’une neige impalpable qui vous piquait au visage, comme des milliers d’aiguilles.

Joseph Quellec entassait les bûches dans la che­minée de son commandant ; puis il interrogeait, d’un œil inquiet, la nuit qui se faisait plus opaque et prêtait l’oreille pour saisir, au milieu des gémisse­ments de la bise, le bruit bien connu des pas de son officier.

Le Breton avait, pour son commandant, un véri­table culte, un dévouement de chien fidèle et une sollicitude de nourrice ; il demeurait en extase devant sa beauté virile, son aménité coutumière et son grade élevé.

Son commandant avait toujours raison, agissait toujours bien et disait mieux encore ; à celui qui eût prétendu le contraire, le paisible, le magnanime Quellec eût été tout prêt à faire rentrer ses paroles dans la gorge.

Le brave garçon s’inquiétait donc quand son commandant se mettait en retard, et il faut avouer que cela lui arrivait souvent, étant très fêté partout où il passait.

Or ce soir-là, Joseph pensait que son supérieur, n’ayant pas eu le loisir de faire de connaissances, devait, par ce temps déplaisant, éprouver le besoin de venir se chauffer.