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les conquêtes du commandant belormeau

— Oui, ma nièce, et Jacquelot, le charcutier qui devait venir faire le boudin et les saucisses, a pris une entorse, le pauvre diable !… Il faut me tirer, seule avec Gertrude, des cervelas et des andouilles.

— Si je pouvais vous aider un peu, tante ? fit Valentine avec un grand effort de bonne volonté.

— Je serais bien avancée… on va t’utiliser ailleurs, car ce n’est pas tout… les quatre garçons sont là !

— Ce n’est pourtant point jour de congé ?

— Non, mais il paraît que le plafond de la maison d’école menace ruine ; un platras est même tombé sur le nez du maître, ce qui a fait rire aux larmes ces méchants drôles. Il y avait danger et on a évacué la salle pour procéder aux réparations urgentes. Comprends-tu ? Mes quatre garçons, un jour comme aujourd’hui, c’est une calamité !

J’ai envoyé l’aîné, à la recherche du père ; il les emmènera à la chasse, à la pêche, où il voudra, pourvu qu’il m’en débarrasse. Va les rejoindre, ils sont dans la salle, avec Minna.

Valentine s’y rendit ; un joyeux vacarme emplissait la vaste pièce meublée, sans prétention, de solides buffets et de fauteuils fatigués ; l’odeur de la pipe de l’oncle François flottait encore dans l’air.

Les quatre garçons se houspillaient autour de la table, tandis que leur sœur, assise près de la fenêtre, étendait une main protectrice au-dessus de sa corbeille à ouvrage, sans cesse menacée.

En voyant paraître leur cousine, les quatre Stenneverck se précipitèrent sur elle et lui enlevèrent d’autorité son chapeau, son mantelet et ses mitaines, au grand dommage de ses frisettes et de la fraîcheur de son col brodé. Puis ils se mirent, tous à la fois, à lui raconter l’accident de la maison d’école, le danger qu’avait couru le nez pointu du magister et l’aubaine bienheureuse et inattendue de trois jours de vacances, résultat de ce tragique événement.