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les conquêtes du commandant belormeau

— Mon père, je vous affirme qu’elle n’est point assez forte pour les besognes du ménage.

— Est-ce que je vous demande de lui faire récurer les casseroles ou laver la lessive ?… Mais ne pourrait-elle, à cette heure, plier des serviettes ou repriser des torchons ?

— Certes, elle le pourrait, mais cela l’ennuie un peu.

— Raison de plus, Gabrielle.

— Oh ! elle s’y mettra, mon père, mais il faut bien lui laisser du temps pour cela. Et puis, elle sera si tôt mariée, la chère enfant…

— Tôt mariée, je n’en sais rien… mais c’est bien mal préparer une fille au mariage que de la laisser se détourner des besognes du ménage.

— Philippe est riche, il est bon.

— Oui, Philippe est le gendre de vos rêves et ce n’est point que vous ayez tort… mais je vous répète, Gabrielle, que ce mariage ne me semble pas fait du tout.

— Vous craindriez qu’il ne se détourne de notre Valentine, fit Mme  Michel alarmée.

— Non, car c’est un garçon honnête et sérieux… je dirais même trop sérieux, car m’est avis que, s’il savait mieux conter fleurette à sa promise, ses affaires seraient en meilleure voie ; c’est de Valentine que je me méfie.

— Oh ! mon père, quelle idée ! Notre fille a toujours été accoutumée à la pensée de ce mariage.

— Mais vous oubliez, Gabrielle, que la voici, seulement, en âge d’en juger. Or, si j’en crois mes vieux yeux, l’imagination de Valentine bat les buissons à la recherche d’un inconnu, d’un inconnu qu’elle appelle de tous ses vœux et je ne serais point surpris de la voir refuser, tout net, l’honnête, le solide parti qu’est Philippe Artevelle.

— Mon père, vous m’effrayez.

— Non, ma fille, mais croyez-en mon conseil,