Page:Nalim - Les conquêtes du commandant Belormeau, 1927.pdf/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
les conquêtes du commandant belormeau

— Vraiment, mon père, je vous avoue que j’aurais du soulagement à sentir Annette hors d’ici.

Sur ce, Mme Michel, à la porte de la cuisine, renouvela ses appels.

Grand-père Frantz, impatienté, se leva et clopin-clopant s’en fut chercher la délinquante.

— Hé, dit-il, d’un ton qui n’admettait point de réplique, assez causé, ma fille, votre maîtresse vous attend.

Annette, avec une moue longue d’un pouce, rentra aussitôt, tandis que la voisine s’enfuyait, toute confuse, en prenant ses savates l’une dans l’autre.

— N’entendiez-vous pas que Mme Michel vous appelait ? dit le grand-père, en refermant lui-même la porte extérieure.

— Je demandais à Caroline des nouvelles de son mari qui s’est démis l’épaule… il faut pourtant bien compatir aux peines de ses voisins.

— Oui, ma fille ; mais il ne faut pas trois quarts d’heure pour témoigner de sa compassion. Allons, Annette, dépêchez-vous !

Grand-père Frantz regagna son fauteuil et la servante vint prendre l’extrémité du drap dont Mme Michel était lasse de lisser les ourlets ; mais elle le tira à elle avec tant de violence, que la pauvre dame, qui n’avait pas beaucoup de résistance, commença à voltiger, par la salle, comme un hanneton au bout d’un fil.

— Annette ! moins fort ! s’écria-t-elle.

Tout aussitôt, celle-ci laissa tomber ses bras et le drap détendu traîna jusqu’au sol.

— Nanniche, plus fort ! reprit Mme Michel, d’un ton suppliant.

Et, d’une brusque saccade, la pièce de linge, à nouveau tendue, entraîna la maîtresse de maison.

Grand-père Frantz fumait rageusement, mais se taisait de peur d’en trop dire ; quant à sa belle-fille,