Page:Nalim - Les conquêtes du commandant Belormeau, 1927.pdf/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
les conquêtes du commandant belormeau

— Oh ! je le sais, Valentine ; c’est un regret que j’exprime, tout simplement.

Ils continuaient à marcher en silence.

La jeune fille semblait être repartie pour le pays des rêves qu’elle affectionnait. Un peu de tristesse et d’inquiétude se lisait dans les yeux bruns de son compagnon ; pourtant, la distraite ayant buté contre une pierre, il eut pour la retenir un geste de sollicitude grave et tendre qui valait bien un discours, mais qu’elle ne remarqua point.

Les choses se passaient autrement entre Pierre et Minna.

À peine celle-ci prenait-elle congé de la vieille paysanne qui l’avait arrêtée au passage que Pierre, saisissant la main de la jeune fille, la glissait, avec autorité, sous son bras.

— Là, donnez-moi votre petite patte, fit-il, avec satisfaction.

Minna retira aussitôt sa main, d’un air de comique indignation.

— Je vous ai déjà défendu, monsieur, de me traiter avec cette absence de cérémonie. Ma patte !… vraiment, me prenez-vous pour le chat ?

— Oui, Minette, vous me faites songer à quelque chatte blanche, moelleuse, exquise et sans griffes.

— Des griffes !… Je souhaite, à cette heure, en posséder d’assez acérées pour vous punir de votre outrecuidance.

— Je n’en ai cure, ma mie ; elles ne pousseront jamais.

— Et sûr de l’impunité, vous continuerez, monsieur, à me manquer gravement ?

Il la considéra d’un air amusé.

— N’essayez pas de vous mettre en colère ; ça ne vous va pas du tout.

Laissez-moi plutôt regarder, votre frimousse…

— Ma frimousse ! Monsieur, je ne saurais en entendre