Page:Nalim - Les conquêtes du commandant Belormeau, 1927.pdf/142

Cette page a été validée par deux contributeurs.
140
les conquêtes du commandant belormeau

— Là, ma bru, s’écria grand-père, vous l’avais-je dit que vous ne compreniez point Nanniche ?

— Oh ! mon père, quel aplomb !

— Continuez, Gabrielle.

« De mauvaises langues n’auront pas manqué de dire à madame, que j’étais partie avec le commandant Belormeau, que je causais avec lui dans tous les coins où je pouvais le joindre et que j’avais même fait un tour sous les platanes en sa compagnie ! Je dois dire que c’est la vérité ! J’ai beaucoup causé avec cet officier et me suis promenée avec lui. Mais ce n’est pas pour ce que madame a pu croire ! Ah ! Dieu, non ! non ! ce n’est pas pour cela !

« J’ai toujours été une fille honnête et sérieuse quoi que madame en ait pu penser. »

— J’en suffoque, s’écria Mme Michel !

Toute l’assistance riait aux larmes.

— Continuez, Gabrielle !

« La vraie raison, madame, c’est que je n’étais pas faite pour être servante, j’avais d’autres idées et c’est par le commandant que je pouvais les réaliser.

« J’aime et je comprends le militaire, je voulais me consacrer à son bonheur.

« J’ai toujours été patriote, madame le sait, ce que je voulais, c’est être vivandière ! »

— Ah ! par exemple ! s’écria grand-père qui s’étranglait, si je m’attendais à celle-là !

« Le commandant Belormeau a été, pour moi, d’une bonté sans mesure ; il a obtenu ce que je souhaitais. Je tiens ma position et j’ai mon uniforme !

« Ah ! si madame pouvait voir ce que ça me va bien !

« J’ai le pantalon comme les hommes et par-dessus une petite jupe bouffante. »

— Ce qu’elle doit bouffer ! s’exclama Pierre.

« J’ai mon baril sur la hanche et je porte le colback, comme le commandant.

« Ah ! si madame pouvait voir ce que ça me va bien !