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les conquêtes du commandant belormeau

déclara Benoîte ; à présent, je vais quérir le commandant.

— Attends un instant… Je suis un peu embarrassée… J’ai perdu de vue les questions d’étiquette… Je ne puis recevoir le commandant sur le même pied que M. le curé qui est homme de Dieu… Dois-je le traiter comme maître Delapierre qui est homme de loi ?

« Homme d’épée, il doit avoir des privilèges ?… J’avoue que ma mémoire se brouille à ce sujet.

Donc, je le laisserai faire ; cet officier m’a prouvé déjà qu’il avait du savoir-vivre… Ton rôle, ma fille se bornera à l’introduire.

Le commandant Belormeau fut extrêmement flatté quand Benoîte lui transmit l’invitation de sa maîtresse ; il savait que la faveur à lui octroyée, était insigne et pour n’être pas de l’ordre de celles dont il jouissait le plus souvent, elle ne lui en fut pas moins très agréable. Pour faire honneur à sa noble hôtesse il revêtit sa tenue de gala ; le plumet neuf du colback était éblouissant ; le commandant était positivement magnifique quand il pénétra dans le salon de la vénérable demoiselle.

Sur le seuil, il s’arrêta, salua avec toute la raideur et la correction militaires ; puis il traversa le salon s’inclina devant sa propriétaire et soulevant la main ridée de celle-ci, il l’effleura galamment de sa moustache.

Mlle Herminie eut bien un petit mouvement d’effarement, mais déjà l’officier avait pris un siège à ses côtés et l’entretenait avec une si communicative bonne grâce qu’elle ne pût y résister.

L’entretien, qui dura une demi-heure, valut au commandant Belormeau une conquête féminine de plus et cette invitation à prendre le thé qui avait révolutionné les bonnes gens de Wattignies.